Le Cyclisme se meurt à Sya

Article : Le Cyclisme se meurt à Sya
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13 mai 2016

Le Cyclisme se meurt à Sya

 

Bonjour à tous, aujourd’hui je vous invite à partir à la découverte du cyclisme dans la ville de  Bobo Dioulasso. Le cyclisme, fut dans le passé le sport numéro 1 à Sya. « Sya est le nom traditionnel de la ville de Bobo Dioulasso« . Les coureurs issus de la ville formaient le socle de l’équipe nationale de cyclisme. Je vous invite donc à découvrir ce merveilleux sport qui malheureusement tombe peu à peu dans les oubliettes dans cette ville de l’ouest du Burkina Faso.

                                                     

 Bobo Dioulasso, Terre de Cyclisme

La ville de Bobo Dioulasso a toujours vibré au rythme des courses cyclistes qui s’y organisaient. En effet, des années 60 aux années 80, la crème du cyclisme se trouvait à Bobo Dioulasso. Il existait un véritable engouement autour de ce sport. Les populations admiraient et vouaient presque un culte à ces coureurs qui se battaient sur leurs vélos de courses pour offrir un beau spectacle. Les plus anciens se rappellent encore de l’ambiance qui prévalait les weekends lors des courses cyclistes. C’était des moments de communion, et de partage. Chacun avait son coureur favori et s’identifiait à ce dernier. Le cycliste, assis sur son vélo, encaissant la douleur et pédalant rageusement, marquait le respect.

 “ C’était les plus beaux moments de ma vie“ se rappelle Zebre Seydou ancien coureur et aujourd’hui entraîneur.

Il faut soutenir ces vaillants hommes pouqu'ils puissent réussir leur mission
Zebre Seydou assit avec la casquette jaune, et Rabo Madi, à droite, ancien grand coureur de la ville. Tous deux sont aujourd’hui entraîneurs.

La passion du cyclisme à Sya était telle que la ville était devenue l’épicentre du cyclisme en Afrique de l’ouest. De nombreux coureurs venaient y acquérir de l’expérience.

 

 Le Début du Déclin

Mais voilà, avec tous les soubresauts politiques qu’a connus le pays à la fin des années 80, le cyclisme est tombé progressivement dans le néant. Les autorités de l’époque ne voyait pas d’un bon œil l’importance du cyclisme dans cette région du Burkina. Il faut dire qu’à l’époque le régionalisme était très ancré dans la gestion du pouvoir. C’est ainsi que les courses cyclistes furent progressivement délocalisées vers la capitale Ouagadougou. Ce coup de poignard fut terrible pour le village de Sya qui a vu peu à peu ses meilleurs coureurs et différents sponsors converger vers Ouagadougou, qui devint par la même occasion la nouvelle ville du cyclisme. Dès lors, Bobo Dioulasso n’a plus connu de weekends festifs marqués par ces courses cyclistes. Les populations se tournèrent donc vers d’autres sports, comme le football. Cependant, quelques passionnés, ne voulant pas voir ce sport mourir, s’activent pour faire renaître le cyclisme de ses cendres.

 

Le Renouveau du Cyclisme à Sya

Le cyclisme a connu une longue traversée du désert jusqu’au début des années 2000. Durant cette période, les clubs cyclistes de Sya étaient dans un état léthargique : il n’existait plus de sponsors et les coureurs de Bobo Dioulasso, sans aucun accompagnement, n’étaient conviés à aucune course. Malgré toutes ces difficultés, des personnes passionnées se sont organisés afin de redonner vie au cyclisme à Sya. En effet depuis 2011, grâce au travail acharné de quelques anciens coureurs comme Zebre Seydou, Zoungrana Idrissa, Rabo Madi et de quelques mécènes comme Lacina Traore, Bobo Dioulasso dispose désormais d’un bureau exécutif qui est en charge de développer à nouveau le cyclisme à Sya. Ces efforts ont permis de remettre sur pied les quatre clubs restants de la ville de Bobo Dioulasso à savoir : As Sifa, Vélo Club de Bobo Dioulasso, Sya Yeleen et Rail Sprint. Il y a eu aussi l’émergence d’une nouvelle génération de coureurs qui sont encadrés par les anciens. Grâce à tout ce travail, des coureurs de Bobo Dioulasso sont à nouveau invités lors des différentes courses.

Une nouvelle génération de coureurs est entrain d'émerger et ils ne demandent qu'à être accompagner
Une nouvelle génération de coureurs est entrain d’émerger et ils ne demandent qu’à être accompagnés

 

Mais force est de constater que, malgré tous ces efforts, il existe encore de nombreuses difficultés qui freinent un nouvel essor du cyclisme à Sya. Parmi ces difficultés, on peut citer la vétusté des vélos de course. Le cyclisme a beaucoup évolué depuis les années 60, mais la majorité des coureurs de Bobo Dioulasso roule toujours avec des vélos de courses composées de fer ou d’aluminium. Les coureurs de la capitale Ouagadougou et d’autres localités roulent quant à eux sur des vélos hyper perfectionnés, composés de carbone et extrêmement légers. Ensuite, il y a un manque criard de financement des clubs qui sont livrés à eux-mêmes. De fait, ils peinent à appuyer financièrement et matériellement leurs coureurs. Comparés aux coureurs de Koudougou, Ouagadougou, Tenkodogo, Ouahigouya, les cyclistes de Bobo Dioulasso sont considérés comme des désœuvrés. Enfin les coureurs de Bobo Dioulasso manquent de compétitions. Ils n’ont que très peu d’occasions d’exprimer leurs talents. Toutes ces difficultés conjuguées font que les coureurs de la ville de Sya ne sont pas assez compétitifs. Malgré toutes leurs bonnes volontés, le cyclisme peine donc toujours à se relever à Sya.

 

vélo en fer utilisé généralement utilisé par les coureurs cyclistes de Bobo Dioulasso
vélo en fer utilisé généralement  par les coureurs cyclistes de Bobo Dioulasso
Vélo en carbone utilisé par les coureurs des autres localités du pays
Vélo en carbone utilisé par les coureurs des autres localités du pays

 

Cri de cœur des Coureurs et des Populations

Le constat est clair : le cyclisme se meurt à Sya. Malgré le travail abattu, la pratique de ce sport est en passe de disparaître si rien n’est fait. Les coureurs n’en peuvent plus. Il n’y a que leur passion qui les fait tenir. Les populations sont exaspérées de toujours attendre l’étape du Tour du Faso pour assister à une course dans leur ville, pourtant considérée comme la deuxième ville du pays. Il faut décentraliser les courses à Bobo Dioulasso, promouvoir la destination de la ville afin que des personnes ressources ou des organisations étrangères puissent y organiser des courses. Les coureurs de la ville pourront alors acquérir de l’expérience. Les sponsors doivent investir dans les différents clubs afin qu’ils soient plus compétitifs. Le cyclisme étant un sport populaire les sponsors bénéficieront d’une très bonne visibilité. Ce sport est vraiment apprécié à Sya. S’il arrive à disposer de tous les moyens nécessaires à son plein essor, cela contribuera énormément au rayonnement de la ville et même booster l’attrait du pays. Les courses cyclistes à Sya sont plus que des événements sportifs.

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