L’ennemi de l’Africain, c’est l’Africain lui même

Article : L’ennemi de l’Africain, c’est l’Africain lui même
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25 octobre 2017

L’ennemi de l’Africain, c’est l’Africain lui même

Il y a quelques jours, une attaque terroriste à la bombe faisait plus de 276 morts et quelque 300 blessés en Somalie. Cette tragédie a mis une fois de plus en lumière la cruauté, la barbarie, l’ignominie de ces criminels qui se font appeler « envoyés de Dieu ».  L’absence totale de réactions de la part de nos dirigeants m’a particulièrement fait honte et marqué. En effet, ils ont encore montré toute l’étendue de leur sournoiserie et hypocrisie. L’Union Africaine, qui dit être une institution qui défend les Africains et défend des valeurs de solidarité entre États membres, a brillé par sa terrifiante inertie. Je doute fort qu’elle a daigné adresser un message de condoléances aux peuples Somaliens très meurtris par tant d’années de violence et d’anarchie. L’Afrique forme une gigantesque famille et il est de coutume, quand des événements d’une telle ampleur surviennent, d’aller au chevet du pays frère touché pour lui apporter aide et réconfort. Cette absence de réaction montre à quel point les pays d’Afrique ne sont pas solidaires les uns envers les autres. Comment pouvons-nous mener des combats collectifs si nous ne sommes pas unis ? Le vrai problème de l’Afrique, c’est la solidarité entre États.

  • Je suis Charlie

Janvier 2015, Paris, la capitale française, vient d’être frappée par une attaque terroriste. L’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo a subi la barbarie des terroristes. Bilan : 12 morts et plusieurs blessés. La France est alors frappée par l’une des pires attaques terroristes de son histoire. Cet attentat a vite provoqué l’émoi et la consternation au sein de la communauté internationale et le slogan « Je suis Charlie » est devenu le symbole de cette attaque tragique. Au même moment, plusieurs chefs d’État africains ont adressé leurs condoléances au peuple français. Plusieurs d’entre eux se sont rendus à la marche de commémoration aux victimes, on y a vu certains verser des larmes. Voilà tout le paradoxe de l’Afrique.

  • Les Somaliens seuls face à l’horreur

Quand les Occidentaux ont su faire taire leurs divergences le temps d’un moment et faire bloc autour de la France pour la soutenir, nous Africains, qu’avons-nous fait pour la Somalie ? Livrée à elle-même, elle continue d’enterrer ses morts. J’ai vraiment honte pour l’Afrique. Les Somaliens doivent se demander si leurs frères Africains sont au courant du malheur qui les frappe. Tout dernièrement, les Somaliens se sont rassemblés pour manifester contre ceux qui perpètrent ces actes ignobles. Dans la douleur, le peuple de Somalie a trouvé les ressources nécessaires pour dire non au terrorisme, comme pour montrer que même s’il vit depuis plusieurs années au rythme des attaques terroristes en tous genres, et malgré le fait qu’il est quasiment abandonné par tous, il demeure un peuple courageux et digne. De mon côté, j’ai honte, honte que le Président de mon pays, monsieur Roch Marc Christian Kabore, n’ait pas montré sa solidarité envers la Somalie, pas même signé une lettre de condoléances. J’ai honte aussi de mes concitoyens. Quand je parcourais les rues de ma ville, Bobo Dioulasso, j’ai essayé de recueillir des avis sur l’attentat en Somalie et le constat était saisissant. La plupart des sondés trouvaient normal ce qui s’était passé, car pour eux, la Somalie est devenu un no man’s land où les populations sont en partie complices des terroristes, notamment le groupuscule al Shebab. Je vous livre le témoignage d’un monsieur.

« La Somalie ne peut plus être sauvée, elle est devenu un État voyou, donc l’attentat qui s’y est produit ne me surprend pas, on peut rien n’y faire, c’est la vie. » Interloqué, je lui demande son avis sur l’attitude de la plupart des chefs d’État africains vis-à-vis de la Somalie. Voilà ce qu’il m’a répondu : « Sincèrement, ils ont mieux à faire. Certes, il y a eu des pertes en vies humaines, mais ils n’y peuvent rien, ils n’ont aucun intérêt à se rendre là-bas. » Scandalisé, je lui dis : « Vous n’avez donc aucune compassion pour les femmes, hommes et enfants qui sont morts. Imaginez une seconde si le Burkina était frappé par une pareille attaque, oseriez-vous dire que c’est normal ? C’est à cause des réflexions dans ce genre que l’Afrique aura toujours un genou à terre. »

Devant ma réaction outrée, l’homme a continué son chemin. Il est vrai que chacun à sa propre pensée et il faut respecter les opinions des autres, mais il était aussi de mon devoir de faire prendre conscience à cet homme. Tout ça nous montre que l’Afrique est très loin du compte. Avec de telles réflexions et de tels comportements, nous n’irons nulle part. Nous passons tout notre temps à trouver des responsables à nos problèmes, nous indexons l’Occident de tous nos malheurs alors que nous sommes le vrai problème. L’Africain ne tire aucune leçon de son histoire. Nos divisions et nos querelles d’ego nous ont toujours porté préjudice et aujourd’hui encore nous continuons sur la même lancée. Nous devons prendre nos responsabilités, assumer et comprendre que la clé se trouve entre nos mains. Nous avons une formidable richesse ici en Afrique, c’est l’esprit de famille. Si nous arrivons à exploiter efficacement cette richesse, rien, je dis bien rien ne pourra arrêter l’Afrique. Pour revenir au cas de la Somalie, je voudrais dire aux Somaliens qu’ils ne sont pas seuls dans cette douloureuse épreuve. Mes prières et mes pensées vous accompagnent chaque jour, peuple frère, et sachez que d’autres frères Africains sont avec vous.

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Commentaires

Ritzamarum Zétrenne
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Très bien ! Dans mon pays, en Haïti, on nous a appris que " depi nan Ginen nèg te trayi nèg " ( Depuis la Guinée, les nègres ont trahi leurs semblables). Des nègres ont vendu d'autres nègres aux colons dans le cadre de la traite négrière ( commerce triangulaire entre Europe-Afrique - Amérique). Aujourd'hui, les africains doivent essayer l'unité. Jusque là où je suis en Haïti, je considère le problème de quelque soit le pays africain comme mien, car j'ai l'Afrique qui coule en moi. Je suis fils d'esclaves venus d'Afrique. Je souhaite, comme toi, Amos Traore, que tous les africains s'unissent et s'entraident.

Traore Amos Joel Yohane
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Merci mon frère Zétrenne très belle réflexion sans Union nous n'irons nul part