Burkina Faso : Etude de la médecine, du rêve au cauchemar

Article : Burkina Faso : Etude de la médecine, du rêve au cauchemar
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23 avril 2020

Burkina Faso : Etude de la médecine, du rêve au cauchemar

Le domaine de la médecine est l’un des secteurs les plus stratégiques de notre société. A l’heure où le monde est confronté à l’une des plus graves crises sanitaires de l’histoire, le monde de la médecine et de la santé est en première pour mener la riposte contre le coronavirus. La médecine a apporté des innovations impressionnantes à la vie de l’homme. À l’ère de ce 21e siècle et face aux nombreux défis de santé qui se profilent à l’horizon pour l’humanité, la médecine est en train de connaître de nouvelles mutations qui pourraient s’avérer déterminantes pour la survie de l’homme.

Aucun pays ne peut prétendre au développement sans un secteur de la santé performant qui va dépendre énormément des avancées de la médecine. Comment une population peut se mettre efficacement au travail si elle n’est pas en bonne santé ? Au Burkina Faso, après l’obtention du baccalauréat, de nombreux jeunes étudiants issus de filières scientifiques, s’orientent vers la médecine avec pour ambition de participer grandement au bien-être des populations. Mais voilà, le système universitaire burkinabé est dans une léthargie qui ne dit pas son nom et cela dure depuis plusieurs années maintenant. Les difficultés rencontrées par les étudiants en médecine frappent tous les autres étudiants de n’importe quelle filière au Burkina. Cependant, pour cet article, l’on s’appesantira sur le sort réservé aux étudiants en médecine.

Une formation bradée

Le cas le plus saisissant est le calvaire que vivent les étudiants de l’Unité de formation et de recherche en science de la santé (UFR/SDS) de l’Université Ouaga I. — Pr. Joseph Ki-Zerbo qui est par ailleurs la première université publique à ouvrir ses portes au Burkina Faso. Dans le département SDS, les étudiants en médecine tirent le diable par la queue et doivent braver de nombreuses injustices au sein de l’UFR pour poursuivre leur formation. Un jeune étudiant en 5e année de médecine a livré un témoignage édifiant sur la qualité de l’enseignement dispensé au sein de son département.  Pour les besoins de l’article et en accord avec l’étudiant, ce dernier se fera nommer Alex.

Étudier la médecine au sein de l’Université Joseph Ki-Zerbo est un vrai supplice, il y a des fois où je n’ai plus de force et j’ai envie de tout plaquer. Figurez-vous que l’on peut programmer un examen, vous vous préparez pendant des jours voire des semaines et lorsque vous arrivez en salle de composition on vous fait comprendre qu’il n’y a pas de feuilles de composition disponible et qu’il vaudrait mieux rentrer à la maison. Lorsque les examens arrivent à se tenir normalement, c’est l’administration qui se fait remarquer par sa mauvaise foi. 

L’administration fait des erreurs énormes lors du report des notes après les délibérations causant ainsi de nombreux préjudices aux camarades étudiants. Bref, c’est du grand n’importe quoi.

S’est ainsi exprimé notre interlocuteur qui a par la suite pointé du doigt la méchanceté, l’égoïsme, le cynisme de quelques professeurs et responsables de département qui font tout pour saper le moral des étudiants.

Seul contre un système vampirique

Pour parfaire leur formation, les étudiants en médecine sont appelés à faire des stages dans différents centres hospitaliers du pays qui sont de surcroît très mal équipés et qui souffrent de nombreux dysfonctionnements. Là encore, c’est la croix et la bannière pour les stagiaires. Dans les textes, il doit être mis à la disposition des étudiants un kit médical pour que leur stage se déroule dans de bonnes conditions, mais les droits des étudiants sont bafoués, puisqu’il ressort que ces mêmes étudiants doivent payer de leur poche pour avoir le kit médical.

Des frais de stage doivent aussi être perçus par les étudiants, malheureusement, un groupuscule de personnes au sein de l’administration font tout leur possible afin que l’étudiant n’entre pas en possession de ses frais de stage. Certains stagiaires, après des revendications et des luttes interminables arrivent à percevoir la moitié de leur argent. Les autres, découragés par ce système vicieux font leur stage à leurs propres moyens et sont obligés de se serrer très fort la ceinture car il y a d’autres charges à côté. Un réseau très sombre est présent au sein du département de médecine mais aucune autorité n’a le courage de taper du poing sur la table pour remettre de l’ordre et mettre fin au calvaire des apprenants.  

Pour en savoir plus, je vous recommender d’aller lire cet article, et celui-ci.

Les premiers responsables sont interpelés 

Les étudiants les plus téméraires qui ne veulent pas rester les bras croisés et subir ces injustices sont victimes d’intimidations et de brimades de tout genre. Après plusieurs années de galère, les médecins stagiaires, à bout psychologiquement, sont prêts à abandonner la médecine pour se consacrer à autre chose, c’est tout simplement révoltant. Les premières autorités du pays des hommes intègres sont interpellées, le ministre de l’enseignement supérieur de la recherche scientifique et de l’innovation est interpelé, les responsables de l’Université Joseph Ki-Zerbo sont interpellés. 

Il faut que le massacre cesse, au-delà de l’aspect académique, les dirigeants universitaires devraient être fiers de mettre à la disposition de jeunes étudiants tous le matériels et l’accompagnement nécessaire afin qu’ils réussissent à faire de la médecine burkinabé un véritable label qui allait soulager les populations locales et être envié partout sur le continent africain. L’enseignement supérieur  burkinabé est dans un état très lamentable et le cas des étudiants en médecine de l’Université Joseph Ki-Zerbo n’est qu’un exemple de la déliquescence du système éducatif au Burkina Faso où les apprenants doivent gérer conditions d’études exécrables et conditions de vie épouvantables.

 

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