Burkina Faso / Covid-19 et services bancaire: la croix et la bannière

Article : Burkina Faso / Covid-19 et services bancaire: la croix et la bannière
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28 mai 2020

Burkina Faso / Covid-19 et services bancaire: la croix et la bannière

Mondoblog lance le projet Mondoblog, unis contre le Covid-19, pour raconter l’évolution et les conséquences de la pandémie de coronavirus du point de vue des Mondoblogueurs sahéliens.


A l’instar de nombreux pays africains, le Burkina Faso est frappé de plein fouet par la pandémie de coronavirus. Cela fait plusieurs semaines maintenant que les burkinabès ont dû changer leurs habitudes afin d’enrayer la propagation du Covid-19. Néanmoins, les gestes barrières sont plus ou moins respectés dans les rues de Bobo Dioulasso. Le 27 mai, le pays comptabilisait 832 cas de contamination, 672 guérisons et 52 décès. La bataille contre le coronavirus sera un travail de longue haleine.

Le coronavirus a bouleversé les habitudes d’une grande partie de la population au Burkina Faso, des campagnes de sensibilisation massives ont été menées pour faire comprendre l’ampleur de la crise à la société burkinabè. La prudence s’est installée et, si un citoyen a besoin d’une prestation au niveau d’une structure privée ou publique, il doit respecter scrupuleusement les mesures de prévention préconisées et les gestes barrières. Au niveau des établissements bancaires, où l’affluence est très forte, des mesures draconiennes ont été mises en place afin de limiter les risques de propagation, ce qui a forcément un impact sur la qualité des services offerts. J’en ai fait les frais… Aujourd’hui, en temps de coronavirus, accéder à sa banque et faire une simple opération est véritable aventure.

Partout, on fait la queue pour accéder à un guichet bancaire.
Crédits Photo : Naim Touré

Quand aller à la banque est presque plus difficile que d’entrer dans un hôpital 

C’est le même scénario au niveau de toutes les structures bancaires. Il y a quelques jours je me suis rendu dans une banque pour effectuer une opération basique. Dès l’entrée, je me suis rendu compte que quelque chose avait changé. Des agents de sécurité refoulaient toutes les personnes qui ne portaient pas de cache-nez, car l’accès à l’intérieur de la banque est conditionné par le port obligatoire du masque. Pour respecter un quota de personnes à l’intérieur, chaque client doit se prémunir d’un ticket d’attente et patienter à l’extérieur. J’ai donc pris mon ticket avec l’intime conviction que mon numéro allait être appelé rapidement. Mais j’ai eu un coup de moins bien quand j’ai regardé mon numéro d’appel. On m’a donné le n°246 et il y avait 112 personnes devant moi ! J’ai pris un sacré coup sur la tête en regardant la file d’attente !

L’attente dure des heures et le client est à la merci des conditions climatiques (vent, poussières, rayons ardents du soleil et chaleur écrasante). Il devait facilement faire entre 35° et 40°C à l’ombre. Le vent chaud et sec associé à la poussière ont eu raison de ma tenue toute blanche que je portais. Les agents de la banque avaient aménagé un hangar de circonstance à l’extérieur afin que les clients puissent y patienter. Dans la cour de la banque, toutes les tranches d’âges étaient représentées et chacun se débrouillait pour ne pas perdre courage.

Ce fut une très longue attente pour moi, arrivé à 8h du matin, mon numéro, le 242, ne fut appelé qu’à 14h. Six heures d’attente ! C’est le temps qu’il m’a fallu pour avoir accès à l’intérieur de l’établissement bancaire. Quand, enfin, le client se voit appeler par son numéro de ticket, il est persuadé qu’il va pouvoir faire rapidement ses opérations et vaquer à d’autres occupations. Peine perdue ! Ah ! il n’est pas au bout de ses peines le client ! Avant d’accéder à l’intérieur de la banque, chaque personne doit faire contrôler sa température, on lui colle un pistolet laser sur le front…. Evidemment, je n’échappe pas à ce protocole strict.

Covid-19, banque, burkina Faso
File d’attente en temps de coronavirus, Ecobank Burkina.
Crédits Photo : Naim Touré

Quand le respect des mesures échauffent les esprits

Donc, après plusieurs heures d’attente interminables et des contrôles à n’en plus finir, le client a enfin accès à l’intérieur de la banque pour faire ses transactions. Mais à ce niveau, un autre parcours du combattant commence. Pour nous le signifier, des sièges ont été installés pour faire respecter la distanciation physique d’un mètre. Le décors est planté… Il faut aussi avoir en permanence un masque qui couvre le nez et la bouche, sous peine de se voir expulser de l’établissement. Les agents également sont extrêmement prudents : après chaque opération d’un client, ils sortent pour aller se désinfecter les mains, occasionnant d’énormes retards.
Toujours à l’intérieur, les clients n’ont pas d’autres choix que de prendre leur mal en patience. On entend des jérémiades par là, des plaintes par-ci, quand ce ne sont pas tout simplement des injures ! Quand j’étais à l’intérieur de la banque, certains propos m’ont fait sourire, un sourire bien sûr masqué par mon cache-nez:

« Il y a toujours eu des maladies, des maladies pires que le Covid-19, et qui ne nous ont pas empêché de faire nos opérations…« 

 » Tout ça, c’est de la foutaise, respectez vos clients ! « 

« Nous avons autre chose à faire, et eux, ils ne font que laver leurs mains, trop c’est trop ! « 

Malgré toute ces frustrations, les clients essaient de garder leur calme pour qu’il n’y ait pas de débordements. Ils sont conscients que toutes ces mesures contribuent à leur sécurité. Par la suite, et au prix du sacrifice de toute une journée entière, les clients arrivent à faire leurs opérations bancaires puis rentrent chez eux, en maudissant le Covid-19. Pour ma part, je suis arrivé à la banque à 8h du matin et j’ai pu terminer mon opération aux alentours de 17h30. Sacré Covid-19 !

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