Dans le monde d’après, les femmes veulent faire entendre leurs voix

Article : Dans le monde d’après, les femmes veulent faire entendre leurs voix
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18 juillet 2020

Dans le monde d’après, les femmes veulent faire entendre leurs voix

Mondoblog lance le projet Mondoblog, unis contre le Covid-19, pour raconter l’évolution et les conséque⁸nces de la pandémie de coronavirus du point de vue des Mondoblogueurs sahéliens.


La pandémie de coronavirus sonne comme un véritable challenge pour le Burkina Faso. Ce minuscule virus a réussi à ébranler tous les secteurs d’activité au Faso. Les Burkinabè n’auraient jamais pu imaginer qu’ils allaient être confrontés à un contexte aussi exceptionnel. Malgré les nombreuses insuffisances du système sanitaire, le pays des Hommes intègres a mené une riposte honorable face au Covid-19. Le nombre de cas de contamination est largement en baisse et la vie est en train de reprendre timidement son cour. Durant cette période délicate, il faut dire que les populations ont adopté des stratégies de résilience afin de faire face aux conséquences du coronavirus. La gent féminine s’est particulièrement illustrée dans de nombreux domaines et tout porte à croire que la voix des femmes va énormément compter dans le monde d’après.

Les groupements de femmes

Les femmes ont fait preuve d’une discipline, d’un état d’esprit et d’une détermination impressionnante pendant cette période de crise sanitaire. Si l’on prend le domaine de l’agriculture par exemple, les femmes ont été en première ligne afin de permettre à la ville de Bobo-Dioulasso d’être ravitaillée en fruits et légumes durant la période de quarantaine où les frontières étaient fermées.

En fait, dans le secteur agricole, les femmes ont très vite compris qu’il fallait innover pour que la ville de Sya ne manque pas de produits agricoles. De nombreux groupements de femmes ont décidé de faire bloc pour changer de méthode de production et mettre en avant l’agroécologie. Elles avaient vraiment une longueur d’avance. A Bobo, comme à Nasso (localité située à 15 km Bobo) ou même Samendéni (commune agricole à 25 km), les productrices ont accompli un travail fantastique avec des moyens limités pour approvisionner régulièrement les marchés de Bobo-Dioulasso. J’ai pu m’entretenir avec une dame qui fait partie d’un groupement de productrices dans la vallée de Samendéni. Elle m’a expliqué comment elle et ses collègues se sont adaptées à la situation imposée par la crise sanitaire, et comment elles ont réussi à produire en quantité et en qualité à un moment où la situation était difficile. 

« Avant que le Covid-19 n’apparaisse, on évoluait à petite échelle, la situation a changé radicalement vers le milieu du mois d’avril. Avec la fermeture des frontières et la quarantaine, de nombreux agriculteurs étaient découragés car ils voyaient leurs produits pourrir sans pouvoir faire quoi que ce soit. Entre-temps, le problème de la pénurie s’est posé et c’est là que nous les femmes productrices de la région avons décidé d’agir. Tous les groupements de femmes de la zone se sont rassemblés pour travailler ensemble. On a choisi de mettre l’accent sur l’agroécologie, une technique qui permet d’avoir rapidement divers types de cultures, sans utiliser de pesticides chimiques. On a réussi notre pari (rires) car presque chaque semaine jusqu’à aujourd’hui, on reçoit de nombreuses commandes de Bobo-Dioulasso. Nous les femmes, nous sommes plus fortes quand nous travaillons ensemble, rien ne peut nous arrêter quand on a un objectif commun, pas même le Covid-19 (rires). Nous avons montré à tout le monde notre savoir-faire et nous allons continuer sur cette même lancée après la maladie. Il y a quelques mois, on faisait l’agriculture juste pour aider nos familles à se prendre en charge, mais le Covid-19 nous a montré qu’on peut faire plus et changer notre société. Nous n’avons plus peur. »

Mariétou, agricultrice
Mariétou s’affaire à recueillir de l’eau pour le champ © Amos Traore
Domaine du groupement agricole de Samendéni © Amos Traore

Les indépendantes

Dans le secteur des biens et services, les femmes ont également donné de l’élan. J’ai pu constater cela lorsque j’ai reçu un colis il y a quelques semaines. Une femme qui travaille pour la gare routière à côté de chez moi, où le colis a été envoyé, s’est chargée de venir me remettre le paquet. Elle ne s’est pas contentée de me livrer le colis, elle a pris le soin de me sensibiliser sur les gestes barrières lors de mes prochains déplacements à la gare. Elle m’a également offert une bouteille de gel hydroalcoolique. Pour m’expliquer sa démarche, la livreuse m’a indiqué que les femmes sont beaucoup plus attentionnées et plus aptes à trouver des solutions innovantes pour faire face à des périodes compliquées. Selon elle, il est de son devoir de m’apporter toute son attention (à noter que la jeune femme n’avait pas été mandatée pour me sensibiliser, elle devait juste me livrer le colis). Elle m’a expliqué à quel point elle aimerait voir les femmes se positionner dans les instances de prises de décisions au niveau national pour faire bouger les lignes. Pour finir, elle m’a confié sans sourciller que si les femmes avaient les pleins pouvoirs, la question du terrorisme, de l’instabilité sécuritaire et biens d’autres problèmes du pays seraient très vite réglés. Selon elle, ce ne sont pas les armes et les beaux discours creux qui doivent êtres mis en avant, mais plutôt la part d’humanité qui est en chacun de nous. Incroyable que fut ma rencontre avec cette livreuse dynamique, attentionnée et visionnaire, j’ai reçu une vraie claque ce jour-là !

Dans les établissements bancaires, les marchés, certaines administrations publiques, j’ai constaté que les femmes sont en première ligne. Elles s’activent pour prendre soin de tout le monde et on sent qu’elles veulent faire évoluer les choses. En fait, avec l’arrivée du coronavirus, les femmes ont bénéficié d’un vrai coup de projecteur quant à leurs façons de participer à la résolution des problèmes de notre société. Si elles se réunissent et décident de cheminer dans la même direction pour faire faire changer les choses, cela peut donner des résultats fabuleux. Personnellement, j’y crois ! Ce qui est sûr, c’est que les femmes sont décidées, le Covid-19 a révélé leur incroyable potentiel d’adaptation. Elles sont un véritable levier pour un changement qualitatif. La pandémie de coronavirus nous oblige à revoir des croyances qui sont fortement enracinées. Dans le monde d’après, les femmes sont appelées à pulvériser ces croyances, la marche est enclenchée et le cap est désormais mis sur l’avenir.

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Commentaires

Madina
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Ce que femme veut, Dieu veut!! Très bel article Amos, merci de nous mettre en lumière de la plus belle des manières.

Traore Amos Joel Yohane
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Merci beaucoup Madina, franchement, vous le mériter pleinement. Sans vous c'est le chaos total

Baguiri Chams-Dine
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Très intéressant l'article.

Traore Amos Joel Yohane
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Merci!!!