Administrations publiques au Burkina Faso : à quand la fin de la grande foutaise ?

Article : Administrations publiques au Burkina Faso : à quand la fin de la grande foutaise ?
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16 septembre 2020

Administrations publiques au Burkina Faso : à quand la fin de la grande foutaise ?

Au Burkina Faso, s’il y a un secteur qui cause la misère à bon nombre de burkinabè, c’est bien l’administration publique. En temps normal, ce secteur doit permettre à la majorité de la population de disposer de documents administratifs et de bien d’autres services pour la bonne marche du pays.

Malheureusement, depuis de nombreuses années, on constate avec amertume que l’administration publique du pays des Hommes intègres est en déliquescence totale. On y rencontre une grande majorité d’agents publics tout sauf intègres, leurs attitudes à l’endroit des usagers est tout simplement scandaleuse et nauséabonde.

L’usager n’est pas respecté

Il y a certains services publics où c’est l’anarchie totale, chacun y fait régner sa loi et c’est le pauvre usager qui subit le diktat de ses tortionnaires d’un nouveau genre. Presque tous les maux dont souffre la société burkinabè sont répertoriés au niveau de l’administration publique: corruption à grande échelle, népotisme, clientélisme, gabegie. Il y a longtemps que les funérailles de l’amour du travail et de la conscience professionnelle furent célébrés et c’est bien triste. L’ex-président du Burkina Faso, le capitaine Thomas Sankara, a dû se retourner de nombreuses fois dans sa tombe, lui qui avait réussi à instaurer une vraie discipline au sein de l’administration publique. Sous le mandat de Thomas Sankara, les fonctionnaires burkinabè étaient des hommes et des femmes compétents, intègres, travailleurs et qui portaient en haute estime l’usager qui venait bénéficier d’un certain nombre de services.

Aujourd’hui, ces nobles valeurs ont foutu le camp et c’est bien dommage. Dans ce billet, je vais vous faire part d’une mésaventure dont j’ai été victime au niveau d’un service public, il s’agit du Trésor public de Bobo-Dioulasso. Les faits se sont déroulés ce vendredi 11 Septembre et pour être franc, cette mésaventure me reste toujours en travers de la gorge vu la manière dont j’ai été traité tel un animal qu’on veut punir (les mots ne sont pas assez forts pour traduire mon ressenti). Dans la matinée du vendredi 11 Septembre, je devais me rendre successivement à l’Office National d’Identification (ONI), dans un commissariat et pour terminer la boucle, au Trésor Public de Bobo-Dioulasso.

Comment un pays peut-il se développer avec de tels comportements ?

À l’ONI et au commissariat le service était vraiment de qualité ( salue fraternel aux agents de ces deux structures pour leur professionnalisme et leur sens de l’écoute). C’est quand je suis arrivé au Trésor que ma journée a pris une autre tournure. Quand je suis arrivé dans cette structure étatique, rien que pour avoir des informations s’était compliqué, un grand nombre d’agents se comporte avec dédain vis à vis des usagers. J’ai mis au moins 30 minutes à errer comme un fantôme dans l’enceinte du service avant de trouver le guichet où je pouvais m’acquitter de mes frais de passeport.

Après de nombreuses minutes d’errance, c’est un usager de bonne volonté, habitué des lieux, qui m’a indiqué le guichet en question. De l’autre côté, il y avait un agent avec un air hautain qui me regardait, je le salue c’est à peine qu’il a daigné ouvrir sa bouche pour me répondre. Je lui pose mon problème et il me répond de manière très discourtoise que je peux payer mes frais de passeport dans tous les guichets.

Je prends mon mal en patience et j’intègre le rang, il est 11h35mn. Aux environs de 12h10mn, l’agent en question ferme sa petite trappe et tire les rideaux. Le motif, apparemment c’est la pause, ok, sur la note qui est affichée en gros caractère sur la vitre du guichet, il est mentionné que la pause c’est de 12h30mn à 13h30mn. Je prends mon mal en patience et je décale tous mes rendez-vous de la journée. A 13h30, les guichets sont toujours fermés, 14h toujours rien, 14h30 statu quo.

Trop c’est trop, je décide alors d’aborder les agents pour avoir des explications, personne ne me répond, c’est à peine si j’existe. Entre-temps, tous les autres usagers qui patientaient jettent l’éponge. Qu’est-ce qui se passe? les agents sont-ils en grève? en mouvement d’humeur? personne pour clarifier les choses, je suis livré à moi-même. Chose troublante, les agents sont bien installés à l’intérieur des bureaux, d’autres communiquent au téléphone, il y en a qui ont les yeux rivés sur leur écran d’ordinateur entrain de faire tout sauf le travail pour lequel ils sont payés.

C'est ainsi que les guichets du Trésor sont restés fermés de 12h jusqu'à 15h (heure à laquelle où j'ai quitté les lieux. Pourtant dans le code du travail burkinabè, les termes sont clairs, les heures de travail c'est de 8h à 16h avec une pause d'une durée allant de 30mn à 1h30mn à midi pour permettre aux agents de s'alimenter
C’est ainsi que les guichets du Trésor sont restés fermés de 12h jusqu’à 15h (heure à laquelle où j’ai quitté les lieux. Pourtant dans le code du travail burkinabè, les termes sont clairs, les heures de travail c’est de 8h à 16h avec une pause d’une durée allant de 30mn à 1h30mn à midi pour permettre aux agents de s’alimenter

Certains des agents, sans aucune gène s’adonnent à une bonne sieste, Seigneur! Entre-temps, au niveau d’un guichet, un usager qui était venu encaisser un chèque arrive à se faire recevoir. Je fonce alors au niveau dudit guichet et là, la bonne dame me lance à la figure de revenir lundi, sans autres formes d’explications. Je proteste et lui dit que moi aussi je suis un usager, je ne suis pas un animal, pourquoi le monsieur arrive à encaisser son chèque et moi je suis là entrain de poireauter depuis 11h30mn. Elle ferme la fenêtre du guichet à mon nez et un autre agent me lance un propos discourtois. Alors là, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase, je suis hors de moi. Heureusement que j’arrive à reprendre mes esprits et à quitter les lieux rapidement.

Il faut un sérieux recadrage

Il faut que les agents du Trésor de Bobo-Dioulasso et en général les fonctionnaires burkinabès comprennent qu’ils sont là pour accomplir une mission de service public. Les usagers ne viennent pas pour quémander ou pour implorer leur pitié, il faut vraiment arrêter avec certains comportement qui n’honorent pas les valeurs que nos ancêtres nous ont légué. Comment on peut faire avancer un pays si les premiers citoyens du pays ne sont pas pleinement impliqués, le processus de développement ce n’est pas que l’affaire des autorités, chacun à son niveau doit avoir une attitude irréprochable pour le bien être de la communauté.

Au sein de l’administration publique burkinabè il ya des hommes et des femmes qui sont intègres, honnêtes et travailleurs ça il faut le reconnaître, mais cette catégorie rare de fonctionnaires évolue dans une sorte de marre aux crocodiles où ils peuvent se faire dévorer à tout moment. Le service public doit être le socle pour impulser une dynamique de développement, quand ce même service public est dans une léthargie indescriptible le développement ne devient qu’un leurre et la voie est ouverte à toutes sortes de dérives.

J’ai parlé de ma mésaventure à certains de mes proches et ils m’ont conseillé de porter plainte pour le préjudice que j’ai subi. J’aurais aimé porter plainte, mais là encore c’est une bataille que je ne suis pas sûr de remporter vu le système pervers qui est en place et qui n’est pas du tout en faveur des plus faibles. Dans les jours à venir, je vais me rendre à nouveau au Trésor tout en espérant que cette fois-ci j’aurai des oreilles attentives à mes différentes préoccupations.

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