Biodosa, veut faire de l’économie verte une réalité au Cap Vert

Article : Biodosa, veut faire de l’économie verte une réalité au Cap Vert
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7 janvier 2021

Biodosa, veut faire de l’économie verte une réalité au Cap Vert

Deritson de Pina et Alex Mascarenhas sont deux jeunes étudiants en chimie au Cap Vert. Les deux chimistes ont mis sur pied la marque Biodosa, avec pour ambition d’en faire une référence en matière d’entreprise eco-responsable.

La gestion efficiente des déchets est une problématique sur le continent africain. Il urge de trouver des solutions adaptées pour faire du recyclage des déchets un levier pour le développement de l’Afrique. Deritson de Pina et Alex Mascarenhas ont compris cet enjeu, raison pour laquelle ils ont fondé Biodosa.

L’entreprise des deux caps verdiens est spécialisée dans le recyclage des huiles de cuisson qui pullulent dans de nombreuses villes de la presqu’île. Ces huiles de cuisson sont nocives pour la santé et pour l’environnement.

Grâce à leur ingéniosité et leur volonté de préserver l’environnement, de Pina et Mascarenhas transforment les huiles de cuisson en savons et autres détergents. Biodosa met ainsi à la disposition du marché cap verdien, une gamme variée de produits locaux de très bonne qualité. Les débuts de l’entreprise ont été compliqué mais les deux jeunes avaient foi en leur projet et ils ont maintenu le cap.

Aujourd’hui, Biodosa est une startup dynamique qui impacte positivement sur la société. Pour la rédaction de ce billet, Deritson de Pina nous fait l’honneur de nous accorder cet entretien dans lequel il nous parlera de Biodosa et de sa vision du développement endogène.

Le jeune chimiste a indiqué qu’au Cap Vert il n’y a pas assez d’entreprise avec une vision écologique. Il souhaite que la donne change dans les années à venir. Une économie basée sur la préservation de l’environnement est pourvoyeuse d’énormes opportunités d’emplois pour les jeunes et dynamise l’économie plus que n’importe quel domaine.

Bonjour Deritson, pouvez-vous vous présenter ?

Je suis Deritson de Pina, j’ai 26 ans, je suis diplômé en génie chimique et biologique de l’Université du Cap Vert, je suis de la ville de Pedra Bedejo, île de Santiago, Cap Vert.

– Qu’est-ce qui vous a amené à créer Biodosa ?

L’idée de créer Biodosa est venue en 4ème année du cours alors que nous étudions les principes de recyclage. Mon collègue Alex Mascarenhas et moi voulions mettre en pratique ces leçons apprises pendant l’année de cours. . En même temps, en tant qu’ingénieurs chimistes, nous sommes préoccupés par l’environnement, c’est là que Biodosa est né.

Nous avons vu une opportunité. Ici au Cap-Vert il n’y a pas d’entreprises liées à la branche écologique et nous sommes un pays écologiquement faible. Il n’y a quasiment pas d’entreprises qui gèrent les déchets autres que le brûlage ou aller à la zone sanitaire. C’est la raison pour laquelle nous avons donc créé Biodosa dans le sens d’occuper cet espace écologique ici dans notre pays.

Deritson dans l’usine de fabrication Biodosa Crédit Photo: Deritson de Pina avec son accord pour utilisation

– De nombreux pays africains sont confrontés au problème de la gestion des déchets. Comment Biodosa peut-elle participer à la préservation de l’environnement ?

Cela se produit dans de nombreux pays et le nôtre ne fait pas exception. Dans cette optique, Biodosa souhaite établir une référence en matière de protection de l’environnement. Le projet est réutiliser les déchets pour les transformer en produits respectueux de l’environnement. En ce moment, nous protégeons l’environnement de l’un des résidus les plus polluants, l’huile de cuisson usée, en les réutilisant dans la production de savon et de détergent.

– Quel est le processus de traitement des huiles alimentaires pour la fabrication de bougies, de détergents et de savons ?

Le procédé adopté est le procédé à froid et nous le faisons de manière artisanale. Nous faisons d’abord un prétraitement de l’huile avant de commencer la production, où nous éliminerons les résidus et l’odeur de l’huile. Ensuite, on commence la production en la plaçant sur un plateau pour refroidir pendant 24 heures et effectuer la coupe. Nous la laissons mûrir pendant une période d’une semaine, puis nous l’emballons.

Rien n’est laissé au hasard chez Biodosa Crédit Photo: Deritson de Pina
Un processus de transformation innovant made in Biodosa

– Les produits Biodosa sont-ils vendus à l’étranger ?

Nos produits ne sont pas encore vendus à l’étranger car nous en sommes encore au début. C’est un nouveau produit, nous conquérons notre espace et la confiance des gens. Ici, il y a une certaine méfiance aux produits fabriqués par les entrepreneurs locaux et encore plus un produit écologique. Mais notre idée est d’être une grande entreprise et d’exporter vers les pays de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dans un proche avenir.

Voici ce qu’on peut faire avec de l’ingéniosité Crédit Photo: Deritson de Pina
Une gamme de produits de chez Biodosa Crédit Photo: Deritson de Pina

– Comment la société Biodosa évolue t-elle au Cap-Vert ? Vos produits remportent-ils un grand succès auprès de vos concitoyens ?

Biodosa évolue d’une manière formidable. Nous avons déjà trouvé notre espace, nous avons déjà la confiance de nos clients. Notre travail a attiré l’attention du gouvernement et je pense que dans un très proche nous serons sur la liste des entreprises qui gèrent la gestion des déchets ici au Cap-Vert. Nos produits parlent d’eux-mêmes. Nous misons toujours sur la qualité, nous connaissons déjà les besoins de nos concitoyens et je crois que nous en saurons encore plus.

Gel hydroalcoolique made in Biodosa Crédit Photo: Deritson de Pina

– Comment voyez-vous le domaine de la recherche scientifique (chimie) au Cap-Vert et en général en Afrique ? Avons-nous suffisamment de chercheurs pour innover comme vous le faites actuellement ?

Nous avons beaucoup de jeunes avec beaucoup de talent mais ici au Cap Vert et en Afrique en général nous avons peu d’opportunités et peu d’aide. Dans ces conditions, de nombreux jeunes talents optent pour l’émigration et vont travailler pour développer les autres pays.

C’est pourquoi, les autres continents sont bien développés et nous ne le sommes pas. Je dis que la recherche (chimie) est ici peu explorée car nous sommes un pays importateur et non un producteur. Nous avons de nombreuses conditions et matières locales pour être un pays producteur.

– Êtes-vous soutenu par le gouvernement cap-verdien dans vos travaux de recherche et dans la valorisation des huiles alimentaires usagées ?

L’économie verte ici au Cap-Vert est rarement évoquée ou pas du tout. Mais, c’est encore un nouveau concept dans notre pays et les écologistes recherchent notre espace. Nous avons besoin de plus de concours liés à l’environnement, de plus de soutien et non de ce que nous avons ici qui incite à consentir des prêts, des prêts qui fragilisent la pérennité des entreprises innovantes.

– Quels sont vos besoins pour passer au niveau suivant ?

En ce moment, la plus grande difficulté est de trouver un espace, une installation, pour Biodosa. En effet nous sommes toujours chez nous et nous avons déjà enregistré notre entreprise sous le régime REMPE (régime juridique des entreprises au Cap Vert). Cependant nous devons avoir nos propres installation car nous travaillons à la transformation des produits. Une autre difficulté est le transport car nous devons collecter le pétrole et aussi livrer nos produits aux magasins et diriger l’entreprise. Dans la plupart des cas, nous allons à pied ou en bus.

Crédit Photo: Deritson de Pina

– Quelles sont vos ambitions pour l’avenir ?

Nous voulons être la plus grande entreprise écologique du Cap-Vert. Se faire une référence en matière de protection de l’environnement et créer de nombreux emplois. Nous voulons avoir des machines mais nous voulons aussi avoir beaucoup de main d’œuvre pour employer beaucoup de gens.

Transmettre le savoir aux générations futures pour mettre à la disposition du Cap Vert des entrepreneurs créatifs Crédit Photo: Deritson de Pina

– Quels messages voulez-vous envoyer aux dirigeants et aux jeunes africains ?

Aux dirigeants je vous demande d’être plus solidaires et d’avoir de la vision. Ouvrez toutes les portes aux entrepreneurs. Il y a des jeunes comme nous qui ont besoin de très peu pour créer de la valeur. Je dis aux jeunes qu’ils n’abandonnent jamais leurs rêves qui un jour se réaliseront. Ils font toujours les choses avec l’intention d’être les meilleurs et les plus indépendants du pays dans lequel ils vivent. Je demande à mes jeunes frères de ne pas opter pour l’émigration ou si vous y allez, allez-y et revenez car nous sommes l’avenir de notre pays. Tout comme nous sommes partis de rien, juste avec une idée en tête vous pouvez aussi réalisez des exploits. Aujourd’hui, nous conquérons de nombreux endroits et un jour nous irons à l’assaut du monde.

Deritson de Pina et Alex Mascarenhas sont des exemples parfaits d’une jeunesse africaine qui compte participer à la construction du monde de demain. Les deux jeunes entrepreneurs et innovateurs ont besoin de soutien. Comme Deritson l’a indiqué, ils n’ont pas besoin de grandes choses pour réaliser des choses extraordinaires. Vous pouvez suivre l’actualité des deux chimistes aux adresses suivantes:

Facebook: Biodosa

Instagram: biodosa_rendosa

Le logo officiel de l’entreprise
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