John Carlos, Tommie Smith, Peter Norman, les héros de Mexico 1968

Article : John Carlos, Tommie Smith, Peter Norman, les héros de Mexico 1968
Crédit: Wikimedia Commons
15 juillet 2024

John Carlos, Tommie Smith, Peter Norman, les héros de Mexico 1968

Les Jeux Olympiques de Mexico en 1968 ont été marqués par des performances sportives exceptionnelles, mais ils sont surtout restés dans les mémoires pour un moment de protestation emblématique. John Carlos, Tommie Smith et Peter Norman sont devenus des symboles de la lutte pour les droits civiques des Noirs américains grâce à leur geste audacieux sur le podium.

Les années 1960 ont été une décennie de bouleversements sociaux et politiques, notamment aux États-Unis. Durant cette période, le mouvement des droits civiques luttait contre la ségrégation et les inégalités raciales. En 1968, la tension était à son comble avec l’assassinat de Martin Luther King Jr. et les émeutes qui ont suivi. C’est dans ce climat chargé que John Carlos et Tommie Smith, deux sprinteurs afro-américains, ont décidé d’utiliser leur visibilité aux Jeux Olympiques pour attirer l’attention sur les injustices raciales.

Le podium de la révolte

Le 16 octobre 1968, après avoir remporté la médaille d’or et de bronze au 200 mètres, Tommie Smith et John Carlos sont montés sur le podium pieds nus, portant des chaussettes noires pour symboliser la pauvreté des Afro-Américains. Pendant l’hymne national américain, ils ont baissé la tête et levé un poing ganté de noir en signe de protestation contre le racisme et les injustices sociales.


Poings levés, les Américains Tommie Smith et John Carlos et l'Australien Peter Norman
Poings levés, les Américains Tommie Smith et John Carlos et l’Australien Peter Norman / Crédit : Wikimedia Commons

À leurs côtés, Peter Norman, sprinteur australien médaillé d’argent, a porté un badge du Projet Olympique pour les Droits de l’Homme en soutien à leurs revendications. Norman, bien que blanc et originaire d’Australie, a compris et soutenu la cause de ses collègues afro-américains, faisant preuve d’un courage et d’une solidarité remarquables. C’est lui qui a notamment suggéré à Carlos et Smith de se partager la paire de gants noirs, car l’un d’eux avait oublié les siennes au village olympique.

Des répercussions immédiates

Le geste de Smith et Carlos a provoqué une onde de choc mondiale. Les deux athlètes ont été immédiatement exclus de l’équipe olympique américaine et ont été fortement critiqués par de nombreux médias et figures politiques. À leur retour aux États-Unis, ils ont été confrontés à des menaces de mort et à des difficultés économiques.



Peter Norman, quant à lui, a été ostracisé dans son pays pour son soutien à Smith et Carlos. Bien qu’il ait réalisé les minima olympiques pour les Jeux de 1972, il n’a pas été sélectionné par le comité olympique australien, une exclusion largement perçue comme une répercussion de son geste de solidarité.

Un geste historique

Avec le temps, le geste de Carlos, Smith et Norman a été reconnu pour son immense courage et son impact sur la lutte pour les droits civiques. En 2005, l’université de San Jose State, où Smith et Carlos ont étudié, a érigé une statue en leur honneur. Peter Norman y est également représenté, bien que de manière symbolique, son absence physique soulignant la solidarité de l’athlète australien.

En 2006, après la mort de Norman, Carlos et Smith ont été porteurs de son cercueil lors de ses funérailles, rendant hommage à un homme qui avait partagé leur combat malgré les conséquences personnelles.

Une leçon de courage

Aujourd’hui, John Carlos, Tommie Smith et Peter Norman sont célébrés comme des héros qui ont utilisé leur plateforme pour défendre la justice et l’égalité. Leur courage inspire encore de nombreux athlètes et militants à travers le monde. Cette action à Mexico en 1968 demeure un puissant rappel que le sport peut être un vecteur de changement social. En levant le poing sur ce podium, Carlos et Smith ont transcendé les frontières du sport pour écrire une page importante de l’histoire des droits civiques, rappelant au monde que l’égalité et la justice sont des combats qui doivent être menés ensemble, au-delà des races et des nations.

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Commentaires

Bara Kailena Yingra
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Belle plume cher aîné